dimanche 3 mars 2013

Le lumpenproletariat ou l'armée du capitalisme

1 - Qu'est ce que le lumpenproletariat

Créé par Karl Marx et Friedrich Engels, le terme allemand "Lumpenproletariat", composé de "Lumpen" = loque, chiffon, haillon et "Proletariat", se traduit le plus souvent en français par "Sous-prolétariat" et désigne les masses urbaines marginales, vivant de manière parasitaire et fondamentalement incapables d’accéder jamais à une conscience révolutionnaire.

Mais attention, il ne s'agit pas d'amalgamer lumpenproletariat et pauvres. Selon Marx, le paupérisme vient de la surpopulation relative ; Marx parle de surpopulation relative pour indiquer qu’il n’y a surpopulation que par rapport aux besoins toujours variables de l’exploitation capitaliste. Les surnuméraires forment l’armée de réserve du travail. Ce sont aussi bien des chômeurs par accident que la réserve de main-d’œuvre des campagnes, à domicile, ou, plus misérables encore, les exclus du processus de travail en raison de leur âge, de leurs infirmités ou de la désuétude de leur qualification. Tous sont susceptibles, en certaines conjonctures, de reprendre du service actif. Exclus, victimes du système étant passés "par la dure mais fortifiante école du travail" ou disposés à passer par elle, ils sont, à tous ces titres, potentiellement révolutionnaires. Le lumpenproletariat, à l’opposé, n’est jamais passé par cette "dure mais fortifiante école" ; c’est pourquoi il est a-révolutionnaire. Formé de "gens sans aveu ni feu", il est vénal et prêt à se mettre au service de la bourgeoisie.

Voici enfin deux citations représentatives de la vision qu'avaient Marx et Engels du lumpenproletariat :

"Quant au lumpenprolétariat, ce produit passif de la pourriture des couches inférieures de la vieille société, il peut se trouver, çà et là, entraîné dans le mouvement par une révolution prolétarienne; cependant, ses conditions de vie le disposeront plutôt à se vendre à la réaction." Le manifeste du parti communiste

"Le lumpenproletariat - cette lie d'individus déchus de toutes les classes qui a son quartier général dans les grandes villes - est, de tous les alliés possibles, le pire. Cette racaille est parfaitement vénale et tout à fait importune. Lorsque les ouvriers français portèrent sur les maisons, pendant les révolutions, l'inscription : « Mort aux voleurs ! », et qu'ils en fusillèrent même certains, ce n'était certes pas par enthousiasme pour la propriété, mais bien avec la conscience qu'il fallait avant tout se débarrasser de cette engeance. Tout chef ouvrier qui emploie cette racaille comme garde ou s'appuie sur elle, démontre par là qu'il n'est qu'un traître." La sociale démocratie allemande

2 - La question "raciale"

Avant de voir quels sont les liens entre le lumpenproletariat et les élites capitalistes, il est important de faire un point sur un aspect qui est inévitable en France lorsque l'on parle du sous-prolétariat : le racisme. Tout d'abord, il convient de rappeler qu'un français, qu'il soit ou non d'origine étrangère, est avant tout un français. Cela étant dit, dans les débats médiatiques comme dans les conversations entre citoyens lambdas, il n'est pas rare que se voient distingués les français dits de souche des français d'origine étrangère, ou issus de l'immigration. Pour ma part, cette distinction n'a pas lieu d'être car un français est un français et un sous-prolétaire est un sous-prolétaire ; qu'il soit blanc, noir, jaune ou vert, il se définit par sa position au sein de la société et non par sa couleur. Toutefois il est très important d'aborder cette question car nous allons voir comment les oligarques créent du racisme sous couvert d'anti-racisme afin de protéger leur armée sous-prolétaire.

Voici un exemple de cause de polémique : "Selon une étude menée en Isère, deux tiers des mineurs délinquants sont d'origine étrangère" Le Monde, 16 Avril 2004. Pourquoi préciser cela, il ne s'agit SURTOUT PAS pour moi de vouloir démontrer une propension plus grande qu'auraient les étrangers, et donc les français d'origine étrangère, à la délinquance. Seulement voila, si quelqu'un voulait dénoncer certains de ces actes de délinquance, il citerait statistiquement une majorité de cas dans lesquels l'agresseur portera un prénom ou un nom à consonance étrangère. Et c'est là que l'antiraciste de mauvaise foi, qui est en fait un défenseur de l'oligarchie, dira : "Mais pourquoi vous ne citez que des noms à consonance étrangère ? Vous êtes un raciste ?". Et le procès en sorcellerie pourra commencer, et la lutte légitime contre la délinquance sera oubliée au profit d'une lutte contre un racisme fantasmé et immiscé par notre auto proclamé anti-raciste.

Ainsi, OUI je pense que les français d'origine étrangère sont sur-représentés parmi le lumpenproletariat. Et NON je n'en tire aucune conclusion raciste. Aucune culture, aucune couleur de peau, aucun gène, ne prédispose selon moi à devenir un voleur, un dealeur, un violeur ou un casseur. En revanche, cette sur-représentation génère ce que j'appelle une solidarité raciale, qui est une forme de tribalisme et par là même un véritable racisme. Je vais tâcher d'expliquer cela avec des mots simples. Comme on voit beaucoup de noirs et d'arabes dans les faits-divers sordides, et comme des gens comme Marine Le Pen associent en permanence la délinquance et l'immigration ; dés que l'on veut s'attaquer à la délinquance, le français noir ou arabe qui n'a rien d'un sous-prolétaire se sent visé également. Alors qu'il ne l'est absolument pas et qu'il devrait lui aussi dénoncer les délinquants. Ainsi, et parce qu'on lui martèle que parler de sécurité c'est réservé à la droite et aux racistes, le français honnête et travailleur, si il est noir ou arabe, aura tendance à s'attaquer, par solidarité raciale, à ceux qui dénoncent la délinquance plutôt qu'aux délinquants, protégeant ainsi ces derniers.

Cette question raciale est donc en France particulièrement importante car c'est par ce levier que l'élite bourgeoise à la fois utilise et protège le lumpenproletariat.

3 - Lumpenproletariat et oligarques 

Remarquons tout d'abord que lumpenproletariat et oligarques ont des points communs : vénalité, malhonnêteté, goût pour l'argent facile, mépris pour ceux à qui ils le volent etc. Ainsi, Marx écrivait :

"L'aristocratie financière, dans son mode de gain comme dans ses jouissances, n'est pas autre chose que la résurrection du lumpenprolétariat dans les sommets de la société bourgeoise." Les luttes de classes en France

Mais pourquoi ai-je titré cette article "Le lumpenproletariat ou l'armée du capitalisme" ? Autrement dit, pourquoi l'oligarchie favorise-t-elle autant l'émergence du lumpenproletariat tout en assurant avec soin sa protection ? Selon moi il s'agit d'une part de clientélisme et d'autre part du bon vieil adage : "Diviser pour mieux régner". En effet, un sous-prolétaire choyé est un bon client tant aux niveaux politique qu'économique. Clientélisme politique car un sous-prolo sera plus enclin à voter pour un parti proposant une justice plus souple et évitant de parler de sécurité de peur de stigmatiser les français d'origine étrangère. Clientélisme économique également car les sous-prolétaires sont de parfaits consommateurs avides de grandes marques et totalement à la merci des publicitaires. Mais le second point me semble plus important : la division de la société française. Opposer le prolétariat au sous-prolétariat, les racistes aux anti-racistes, les français de souche aux français d'origine-étrangère (et nous voyons là pourquoi l'oligarchie veut absolument racialiser ces questions sociales) est absolument bénéfique à ceux qui dirigent réellement. Ainsi, pendant que l'ouvrier est occupé à se racheter la voiture qu'on lui a brûlé la nuit précédente, et qu'il est également occupé à s'engueuler avec son collègue arabe qui le traite de raciste parce qu'il a dit que ce sont des arabes qui avaient brûlé sa voiture... ces 2 collègues ne pensent pas à s'attaquer à celui qui vend les voitures tout en incitant les sous-prolos à les brûler.

Le lumpenproletariat est donc une véritable armée, une armée civile, une armée intérieure, dont la violence sert les intérêts des puissants. L'image est à la fois banale et simple : On brûle les voitures de son quartier, pas celles des quartiers riches.

1 commentaire:

Anonyme a dit…

Certes la luttes de classes "verticale" existe (d'une classe inférieure envers une supérieure).
Mais pour autant peut-on imputer tous les malheurs a la classe supérieure ?

1/ la classe inférieure peut très bien se battre par jalousie contre la supérieure

2/ la lutte est aussi horizontale, entre classes de même niveau ... sans que ceux du dessus n'ai rien à voir

3/ les classes inférieures se battent elles même contre les classes encore plus inférieures

4/ penser que tous la malheurs proviennent d'en faut c'est :
- se déresponsabiliser (et donc donner du pouvoir a ceux d'en haut)
- penser que l'égalitarisme est la solution (ce qui est évidement faux comme l'URSS la montré)